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11 Novembre 2024
Le 4 octobre dernier, le tribunal d'Amiens a condamné deux parents à 8 et 10 mois d'emprisonnement avec sursis pour des faits de violence et des insultes homophobes contre leur fils, Lucas, un adolescent de 17 ans.
Tout commence lorsque la mère et le père du jeune homme, âgés respectivement de 44 et 42 ans, apprennent l'orientation sexuelle de leur fils. Des propos insultant et homophobes viennent rythmés le quotidien de Lucas.
Le 10 avril, les enquêteurs sont saisis, après un signalement de l'assistante sociale du lycée dans lequel l'adolescent est scolarisé. Ce sont des propos tels que "Il est encore au téléphone avec sa tarlouze" ou encore, évoquant le VIH, "C'est ce qu'il va lui arriver à ce pédé", qui sont à l'origine de ce signalement.
A la barre, la mère a reconnu que l'ambiance familiale était compliquée. Elle reproche notamment à son fils, son côté efféminé, ce dernier se maquillant et portant des boucles d'oreilles.
Son père, quant à lui, dit ne pas savoir expliquer ses propos. Il récidive cependant devant la cour, puisqu'il a déclarer pendant son procès "J'ai eu un garçon, c'est pour avoir un garçon, pas une fille".
Concernant les violences physiques dont il est accusé, il réfute leur caractère homophobe. Il déclare en effet qu'il a frappé son fils, après que ce dernier se soit disputer avec sa mère.
Une défense pour le moins fantaisiste : entre homosexualité des villes et celle des champs...
Pour tenter d'expliquer les faits reprochés à ses clients, Maitre David Dalmaz, avocat de la défense, estime que : "L'appréciation de l'homosexualité au cours du temps, c'est quelque chose de fluctuant... On n'est pas dans le marais. L'homosexualité c'est encore quelque chose de tabou, de hors normes."
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Une sanction exemplaire pour le couple
Le tribunal a finalement condamné le couple à 8 et 10 mois de prison avec sursis probatoire, et l'obligation de suivre des soins. la mère et le père de Lucas se voient également contraints de lui verser 1500€ de dommages et intérêts.
A l'issue du procès, Lucas, qui a depuis quitté le domicile familial et coupé les ponts avec ses parents s'est dit soulagé. Il explique cependant que cela reste compliqué mentalement. IL espérait des excuses de ses parents, ce qui n'a pas eu lieu.
Maitre Stéphanie Lourdel-Iglesias, l'avocate de Lucas, s'est dite satisfaite que le tribunal ait prononcé une peine supérieure aux réquisitoires. Ce qui lui importait c'est que l'adolescent soit reconnu en tant que victime.
L'avocat de la défense, regrette quant à lui, une sanction non pédagogique, le tribunal n'ayant pas compris, selon lui, la difficulté pour un parent d'apprendre que son enfant est homosexuel et se travestit.
Le soutien des victimes d'homophobie comme moteur.
Dès qu'il a porté plainte en avril 2024, Lucas a immédiatement pensé aux autres victimes de violences intrafamiliales.
Dans une interview au lendemain du procès, il a déclaré : "Quand j'ai commencé toutes ces procédures, je me suis dit je ne suis pas le seul. Alors si je peux aider plusieurs personnes qui subissent de l'homophobie, je vais essayer de les aider comme je peux. On peut s'en sortir ensemble".
Il est en effet à signaler que les LGBTphobies commence souvent dans le cercle familial.
Espérons qu'à la suite de ce procès, Lucas parvienne à se reconstruire et à s'épanouir, comme cela devrait être le cas pour tous les jeunes de son âge.